Jane Du Tertre

Jeanne Du Tertre naît à Paris en 1981.

 

Elle grandit et évolue dans un milieu artistique dont elle s’imprègne dès l’enfance. Après avoir fait des études supérieures de violon et de lettres modernes, la chanson s’impose tout naturellement à elle. Accompagnée de son violon et de sa guitare, ce premier moyen d’expression lui permet de faire des petites chroniques sur ce qu’elle observe, de brosser des premiers portraits qu’elle livre tantôt avec humour et légèreté, tantôt avec tristesse, colère, engagement…

Sans pour autant abandonner musique et chanson, la peinture vient à partir de 2015 élargir, enrichir et compléter ses modalités d’expression sans que l’une ne se substitue aux autres. A travers un travail plus solitaire, plus authentique par certains aspects, Jeanne trouve un moyen de dire au plus près ses états d’âme, de façon à la fois plus pudique et plus intime, et continue d’affuter et de donner à voir le regard qu’elle porte sur le monde qui l’entoure. « Les » regards devrait-on plutôt dire, qui alternent entre humour et gravité, entre lumineuse révolte et sombre constat. Car il y a deux peintures ou deux styles chez Jeanne Du Tertre.

 

Il y a celui de ces petites femmes emplies de naïveté enfantine qui s’insurgent contre le monde d’un trait léger. Ces femmes brindilles dansant ou sautant dans les décors parisiens peuplés de milles visages, qui se rient de la vie ou pestent contre tout, mais toujours avec humour et tendresse, comme le ferait une Mafalda ou un personnage de Sempé.

 

Et puis il y a les portraits.

 

Des concentrés d’émotion sans fond pour divertir le regard. Pas de perspective pour permettre de fuir.
Comme si Jeanne cherchait à nous infliger les regards pénétrants de gens en pleine détresse, sortant de leurs abîmes, comme si elle cherchait à nous forcer à regarder notre propre regard que l’on s’est trop habitué à détourner. Repoussant, dérangeant, aucun de ces portraits de fous, d’écorchés vifs, d’âmes brisées, de tous ceux qu’on ne veut pas voir, ou qui s’écartent de la norme sociale ne laisse indifférent.

 

Jeanne Du Tertre se refuse à les laisser sur le carreau et le crie dans ses toiles. Ces personnages, elle nous les dévoile sans artifices, avec sincérité, dans leur implacable cruauté ou dans leur insoutenable malheur, mais toujours avec une tendresse qui ne se laisse pas convoiter par une quelconque pitié ou charité.

Avec la force de son trait, elle parvient à nous dévoiler ce qu’ils portent en eux ou, pour le moins à nous secouer et à nous inviter à la rêverie. De visages, des gueules à l’état brut sans passer par les mots qui masqueraient une vérité.

 

Jeanne Du Tertre, quel que soit son mode d’expression, a donc deux styles et un double regard sensible et pertinent.